Mme Doukouré Asmaou Bah est la secrétaire générale du syndicat national des employés de maison de Guinée SYNEM Guinée et Présidente du réseau national des travailleurs domestiques. Dans une interview qu’elle a accordée à votre quotidien électronique, Mme Doukouré a donné l’importance de ce syndicat qui est de défendre le droit des employés de maison.
Actualitefeminine : Bonjour madame, parlez-nous de votre réseau s’il vous plaît ?
Mme Doukouré : Notre réseau a été créé en 2013 en Afrique de Sud à Keep town. Il comporte de nos jours 21 pays, dans ce réseau il n’y a pas que des travailleurs domestiques, il y’ a d’autres organisations de travailleurs qui nous soutiennent telle que l’Union Internationale de l’Alimentation UIA… En Guinée, le syndicat national des employés de maison a été créé en 2011 après l’adoption de la convention 189 à Genève le 16 juin lors de la centième session de la conférence internationale du travail.
Actualitefeminine : D’où est venue l’idée de créer ce réseau ?
Mme Doukouré : On s’est dit, chaque continent doit avoir une organisation. En Afrique, les organisations syndicales des travailleurs domestiques ont décidé de créer un réseau pour qu’on puisse travailler ensemble et c’est ce réseau qui travaille avec les autres réseaux du continent et c’est parmi tous ces réseaux réunis qu’on a créé la fédération mondiale des travailleurs domestiques dont la Guinée est membre du bureau exécutif.
Actualitefeminine : Comment fonctionne le syndicat en Guinée ?
Mme Doukouré : Nous faisons en sorte pour que ces travailleurs domestiques retrouvent leur dignité humaine. Heureusement, les employeurs et le gouvernement guinéen soutiennent ce syndicat, ce qui fait que le 30 décembre passé, la Guinée a ratifié la convention 189 relative aux travailleurs domestiques. Maintenant, nous savons que les travailleurs domestiques sont reconnus dans notre pays, ils auront leur droit comme tous les autres travailleurs, car ils exercent un travail reconnu.
Actualitefeminine : A part ce réseau avez-vous d’autres activités ?
Mme Doukouré : Oui, j’ai commencé le syndicalisme au Novotel Conakry, là où je travaille en tant que réceptionniste. Je milite aussi au niveau des associations de la jeunesse telles que l’AJDD qu’on appelle Association des jeunes pour le développement de Dar-es-Salam dont je suis Présidente d’honneur, nous faisons la sensibilisation dans les quartiers chauds pour la paix. Je suis présidente d’honneur de l’Association des Jeunes pour la prévention des conflits, nous faisons également des sensibilisations pour la prévention des conflits dans les écoles, universités. Je milite beaucoup pour l’émancipation de la femme et pour la cause des enfants.
Actualitefeminine : Quelle sera votre stratégie pour mettre en exécution cette convention ?
Mme Doukouré : Nous allons continuer à œuvrer avec les médias pour que les employeurs respectent la loi qui protège les travailleurs domestiques. C’est un travail qui est exercé à l’interne, on ne peut pas savoir ce qui se passe exactement dans les maisons. Donc il faudrait que les employés de maison dénoncent, expliquent leur problème pour qu’on sache exactement ce qui se passe. Donc nous allons passer l’information, la sensibilisation à travers les médias. Beaucoup de travailleurs savent déjà qu’un syndicat qui défend leur cause existe. Et si un travailleur a du mal dans son lieu de travail, on applique la loi, mais on ne peut exécuter des sanctions si on n’est pas informé.
Actualitefeminine : Depuis sa mise en place en 2013, qu’est-ce que le réseau a fait pour les femmes domestiques ?
Mme Doukouré : Le réseau a fait beaucoup chose comme la formation pour des femmes domestiques leaders, car nous avons des antennes dans les quartiers. Il nous informe de ce qui se passe. Dans le bureau exécutif des travailleurs domestiques de Guinée, le réseau a fait que beaucoup d’entre nous ont fait des voyages, on a pris des exemples chez les autres et vice-versa.
Actualitefeminine : Enfin, votre mot de la fin ?
Mme Doukouré : Je vous remercie pour cet entretien. On ne peut pas développer un pays sans les femmes. Je profite de l’occasion pour remercier le gouvernement pour la ratification de la convention. Un adage dit, quel qu’en soit la pauvreté d’une mère, l’enfant demandera toujours la couverture, donc nous continuons à demander au gouvernement d’œuvrer pour l’applicabilité de cette loi dans le pays.
Interview réalisée par La H 623125203