La directrice générale de l’Office Nationale du Cinéma, de l’audiovisuel en Guinée a accepté notre interview ce jeudi 18 mai à Conakry, au compte de votre rubrique Dame de Fer. Durant cet entretien, Mme Camara Mariama est revenu sur les difficultés liées à la production cinématographique dans le pays. Parallèlement, elle a invité les femmes à se battre pour aider leur mari.
Actualitefeminine: Bonjour madame Parlez-nous de votre parcours professionnel ?
Mme Camara : Je suis née et j’ai grandi à Abidjan, j’ai étudié là-bas et j’ai commencé à travailler dans ce pays dans une boîte de production cinématographique, après je suis allée à Ouaga faire des formations pendant trois ans. Ensuite, je suis revenue en Guinée m’installer faire des films. J’ai fait l’université en Guinée en fac d’anglais, j’ai travaillé pour AMAK Vidéo une boîte de production, j’étais la gérante. J’ai aussi créé la mienne Tinkisso Production, j’ai initié le premier festival du cinéma dénommé ‘’Les rangs comme cinématographiques de Guinée’’ en 2007, cette année on fera la 4ème édition. On est resté un bon moment car on finançait un peu plus et on voulait prendre du temps pour faire une petite relance.
Actualitefeminine : Vous êtes aujourd’hui à la tête de l’ONACIG, selon vous qu’est ce qui a prévalu à cette nomination ?
Mme Camara : J’ai une passion pour le cinéma et je me suis toujours battue pour le 7ème art, le cinéma c’est ma vie. Peut-être les autorités ont vu que je peux redresser cette boîte c’est pourquoi ils m’ont fait appel.
Actualitefeminine : Quelles sont les difficultés que vous rencontrez au sein de ce département ?
Mme Camara : On est là il y’a 4 mois, on est en train de faire une restructuration complète. On a un problème de financement. L’Etat nous donne une subvention, on fait des taxes, des licences mais jusque-là il y’a une crise économique qui ne dit pas son nom et on le ressent, car on a des problèmes dans le cinéma. En plus, on a besoin d’un personnel jeune. L’équipe est un peu vieillissante, il faut que l’Etat puisse engager des gens qui sont dans le cinéma et qui ont montré leur capacité, enfin un problème d’équipement.
Actualitefeminine: Depuis votre nomination, quelles ont été les avancées au sein du département ?
Mme Camara : Il y’a beaucoup d’avancées, on est en train d’actualiser notre fichier. Dans notre plan d’action, on a fait l’état des lieux, on vient de faire le musée du cinéma qui est ouvert à tout le monde, on est en train de s’équiper en achetant du matériel de montage, la lumière en attendant que les partenaires nous viennent en aide.
Actualitefeminine : Que pensez-vous de cinéma guinéen par rapport aux autres pays ?
Mme Camara : Il y’a un fossé, on a un institut comme les autres pays. La seule différence c’est le fond qui nous manque. Au Burkina par exemple le fond est de 600 millions de FCFA, en Côte d’Ivoire 1milliard 200 FCFA, au Sénégal le Président a dit qu’il va monter à 3,3 millions de $ pour le fond d’aide à l’audiovisuel. En Guinée c’est le fond qui nous manque, les jeunes sont formés.
Actualitefeminine: Qu’qu’ il faut pour mettre fin à la piraterie des œuvres dans le pays ?
Mme Camara: Même aux Etats-Unis il y’a la piraterie mais plutôt pour diminuer. Le ministère de la culture a proposé une loi et a déposé à l’assemblée nationale, c’est une loi qui devra punir tous ceux qui font la piraterie. Avant ça c’est le BGDA qui s’occupe de combattre la piraterie. A notre niveau on règlemente le secteur, on donne des taxes, on donne des autorisations…
Actualitefeminine: Quelles seront vos perspectives pour que le cinéma guinéen ait de l’ampleur dans la sous-région ?
Mme Camara: On était tout dernièrement au FESPACO, on a rencontré les autres partenaires, on a fait des échanges. Comme je vous l’ai dit tantôt quand il n’y a pas d’argent on ne peut parler de cinéma. Le Nigeria a un marché potentiel, même quand tu fais un film et que ça passe dans quelque salles de cinéma, il rentabilise le film, on a besoin d’une réelle politique, de règlementer le marché, c’est ce que nous sommes en train de faire, un travail de fond, la piraterie de s’en occuper pour que les artistes puissent profiter de leurs œuvres.
Actualitefeminine : Que pensez-vous des films amateurs qu’on produit dans le pays ?
Mme Camara : Ceux qui font ces films ont souvent de belles histoires, mais il faut les encadrer, faire des formations pour qu’ils suivent certaines règles et que la qualité des films puissent s’améliorer et ça fait partie de la mission de l’ONACIG.
Actualitefeminine : Comment parvenez-vous à jumeler le foyer à la vie professionnelle ?
Mme Camara : Mon mari est décédé, et ma fille a grandi. Mais à son vivant, je travaillais sans aucun problème, mon mari était compréhensif. La femme est le socle de la société, elle est maman, femme au foyer elle travaille. Dès sa naissance on l’apprend à se battre.
Actulitefeminine: Quel conseil pouvez-vous donner aux femmes ?
Mme Camara : La vie est un choix, une femme doit se battre pour aider son mari surtout qu’actuellement tout est dur. La femme qui reste au foyer aide aussi son mari à encadrer les enfants, mais si elle peut toujours faire quelque chose pour ramener un petit fond à la maison ça aiderait aussi. L’épanouissement de la femme est importante, si les femmes veulent vraiment avoir l’égalité il faut se former, avoir le leadership, la femme fait plus que l’homme car elle s’occupe de la maison, elle va travailler, donc elle doit se battre pour atteindre ses objectifs.
Actualitefeminine : Votre mot de la fin ?
Mme Camara : J’aime la Guinée, je veux que le cinéma guinéen soit plus que les autres cinémas de l’Afrique et pour cela il faut une volonté politique comme la première République pour un fond du cinéma, que les partenaires de développement nous viennent en aide pour sortir le cinéma guinéen de l’ornière. Nous sommes les plus grands pourvoyeurs d’emploi, je demande au Président de la République qu’il mette un fond en place pour que quand on se retrouve avec les autres nations qu’on puisse lever la tête.
Interview réalisée par Hasso 623125203