Elles sont nombreuses ces filles qui sont non scolarisées ou déscolarisées chaque année dans la cité des agrumes. Malgré les efforts fournis par le gouvernement guinéen et ses partenaires pour le maintien des jeunes filles dans les écoles, le constat est alarmant. A Kindia, la plupart des jeunes filles ne terminent pas le collège et sont contraintes d’abandonner les études pour un mariage arrangé, d’autres à cause de la pauvreté, font le petit commerce, les travaux ménagers pour subvenir aux besoins de la famille.
Réagissant à notre micro, plusieurs citoyens estiment que cette situation s’expliquerait par plusieurs facteurs. Madame Maïmouna Savané institutrice dans une école de la place déplore ce phénomène et se dit inquiète pour l’avenir des jeunes filles « bon nombre de filles sont adoptives, elles viennent souvent en retard et même si tu leur donne un devoir à faire à la maison, elles ne pourront pas. Quand tu demandes elles disent qu’elles étaient au marché pour vendre ou elles faisaient le linge. Elles me disent souvent qu’elles sont avec leur homonyme, tante, oncle ou un tuteur. Leurs propres parents sont au village. Dès fois certaines ne viennent pas du tout, elles disent on m’a dit d’aller vendre ou on m’a donné des travaux à la maison. Cela joue sur nous aussi parce que chaque matin les filles viennent en retard, d’autres arrivent ici à 8 heures 30 minutes, les motifs ne sont autres que les travaux ménagers » déplore-t-elle.
Pour le maintien des jeunes filles à l’école, Mme Maïmouna Savané fait une proposition « la sensibilisation des parents. Certains parents nous accusent dès fois, en disant qu’on ne fait rien. Pourtant la faute ce n’est pas au niveau des formateurs mais les parents qui empêchent les élèves de venir à l’école à l’heure. Nous formateurs faisons de notre mieux mais si les élèves ne parviennent pas à faire ce que les encadreurs veulent cela aussi joue beaucoup sur nous. Je demande aux parents de s’impliquer activement dans la formation des élèves en général et les jeunes filles en particulier » lance-t-elle.
Ce problème de déscolarisation de la jeune fille ne cesse de faire couler d’encre et de salive. Mamadou Koubia Diallo un autre encadreur dénonce la démission parentale « les parents ne sont pas motivés pour envoyer leurs filles à l’école parce qu’ils ont dans leur esprit la fille ne doit pas étudier, elle doit plutôt chercher à recevoir l’éducation traditionnelle, à s’occuper de la famille, à s’occuper des enfants. Pour eux le rôle de la femme s’arrête là-bas. C’est difficile quand on a des parents analphabètes. Il y a certains qui envoient les filles à l’école mais dès qu’elles arrivent en 6ème ou 7ème année on leur donne en mariage pour se débarrasser de la fille parce que si c’est le mariage précoce c’est un débarra et cela a des risques graves. La fille ne peut pas survivre, l’enfant qu’elle va accoucher peut ou ne pas survivre ce sont des risques » a-t-il laissé entendre.
Côté parents, certains dénoncent la pauvreté, c’est le cas de Mariam Keïta résidente au quartier Condetta3 « c’est la pauvreté qui peut pousser quelqu’un à sortir une petite fille de l’école pour le marché ou donner une petite fille au mariage. Il y a des risques non seulement il y a les cas d’accident mais aussi il y a des gens de mauvaise foi qui peuvent profiter sur elles » alerte-t-elle.
Au grand marché de Kindia, elles sont très nombreuses ces petites filles dont l’âge varie entre 4 et 8 ans en train de vendre des produits de tout genre. Pour l’heure, aucune disposition concrète n’est prise par les autorités locales pour mettre fin à ce problème.
Mamadou Samba Diallo 657835989