Considérée comme le deuxième pays au monde après la Somalie à pratiquer l’excision avec un taux de prévalence de 96%, la république de Guinée enregistre tout de même des jeunes filles et femmes qui n’ont pas subi cette pratique. Thérésa Maria Segbaya est l’illustration parfaite de cette jeune femme qui n’a pas été confrontée aux mutilations génitales féminines. Mère de deux enfants et ayant une vie épanouie, Maria est journaliste de profession, elle est la gérante du site d’informations actupremiere.com.
Sur ses plateformes et à chaque fois que l’occasion se présente, la brave femme ne manque de clamer son statut de femme non excisée. Ceci pour conscientiser toutes ces mères de familles à bannir la pratique de l’excision.
« C’est sans gêne que je le dis haut et fort je n’ai pas subi l’excision et j’en suis fière, je n’en n’ai pas honte. Il y a certains qui viennent en in box me sermonner mais cela m’importe peu. Au Togo là où j’ai grandi on n’excise pas, c’est à l’âge de sept ans que j’ai quitté la Guinée mais j’ai eu la chance mon père n’a pas accepté que je sois excisée. Toutes mes sœurs et cousines ont subi la pratique, je suis la première à ne pas être excisée. Contrairement à plusieurs filles, je me sens très épanouie » se réjouie-t-elle.
Vivant dans une communauté qui est ancrée dans la tradition, les parents de Maria ont pu surmonter les obstacles pour que leur fille ne subisse pas cette pratique « c’est le courage de mon père, quitter un pays et aller à un autre, épouser une femme où la famille est pour l’excision je crois que c’est un grand courage. Et quelque part c’est la compréhension de ma maman. J’ai fait 11 ans avant de revenir j’avais 18 ans et mes grand-mère voulaient me faire exciser mais je n’ai pas accepté et ils ont compris que je ne veux pas » notifie-t-elle.
Concernant les préjugés Maria estime qu’ils n’en finissent pas et il faut toujours être à la hauteur « heureusement je n’ai pas froid aux yeux. Il y a des donneurs de leçons dans la société disant qu’une fille qui n’est pas excisée couche de gauche à droite, pourtant j’ai le libre arbitre qui me dit ce qui est bon pour moi ou non. Les préjugés on n’en finit pas mais il faut être à la hauteur, avoir la tête sur les épaules sinon on tombe très bas. Les hommes qui disent que c’est la culture il faut pratiquer l’excision ce sont des hypocrites car ils savent ils ne sont pas du tout satisfaits » précise-t-elle.
Au-delà de la sensibilisation, Maria estime qu’il faut la scolarisation de la jeune fille pour qu’elle connaisse les conséquences liées à cette pratique « la conséquence est traumatisante alors que ce n’est pas le cas chez la fille non excisée. Le taux de scolarisation de la femme est très bas, les hommes ont étudié et ont compris les conséquences de la maladie. Donc même si on sensibilise, tant que les femmes seront limitées on ne pourra pas vaincre dans ce combat. Il faut la scolarisation de la femme » suggère-t-elle.
Enfin, elle invite la population à garder les bonnes choses de la culture et abandonner celles qui nuisent.
Hasso Bah