En république de Guinée, plusieurs communautés continuent à pratiquer l’excision. Cette pratique d’ordre culturelle reste encrée dans le quotidien de certaines personnes qui cependant occasionnent des conséquences chez la jeune fille.
Les méfaits de l’excision sur le plan sanitaire
Selon Dr Amadou Mouctar Diallo médecin légiste, la mutilation génitale féminine notamment l’excision, c’est l’ablation de la lésion d’une partie ou de l’organe entier érectile au niveau génital chez la femme notamment le clitoris. Classiquement, son service rencontre quatre formes de MGF notamment la mutilation du premier degré qui est l’ablation légère ou superficielle clitoridienne, la mutilation génitale du deuxième degré où on coupe le clitoris à ras, celle du troisième degré on affecte les petites et les grande lèvres et la dernière catégorie est sous forme de suture, d’infibulation de la zone génitale.
Dans le cadre scientifique, il enregistre des conséquences des différentes formes de mutilations selon le degré de la forme faite sur la victime « Nous rencontrons lors des consultations des formes variées, rarement le dernier degré. Et malheureusement, aucune de ces filles n’a subi l’excision dans un cadre consensuel, donc de facto comme le prévoit la loi, c’est une forme d’agression sexuelle et de coups et blessures et c’est puni par la loi en vigueur » indique-t-il.
‘’Il y a une régression de la pratique’’ point focal MGF
L’excision est assez récurrente en république de Guinée. Actuellement, le pays enregistre une prévalence de 95% selon l’enquête démographique de santé de 2018, comparativement à celle de 2012. Même si la pratique persiste, il y a toutefois une chute de deux points d’indice selon Souleymane Camara, point focal MGF, direction nationale genre et de l’équité, ministère des droits et de l’autonomisation des femmes « il y a régression de la pratique. Ce qu’il faut spécifier par rapport à cette prévalence de 95% et qui cible par tranche d’âge de 15 à 49 ans, il y un niveau de la tranche d’âge de 0 à 14 ans. Donc les filles potentiellement exposées à la pratique, il y a une régression aussi. Donc pour la tranche d’âge de 0 à 14 ans on est passé de 45% en 2012 pour 39% en 2018 » indique-t-il.
En outre, des avancées sont enregistrées dans tous les domaines pour lutter contre l’excision « chez les religieux que ça soit les musulmans ou les chrétiens, il y a un plan spécifique qui est l’adoption d’un texte religieux qu’on appelle une ‘’ Fatoua’’ qui fait la démarcation entre l’excision qui est une pratique traditionnelle et la religion. Sur le plan médical, il y a une accentuation selon nos enquêtes de la dimension médicalisation de la pratique. A ce niveau, le ministère de la santé a établi un plan stratégique par rapport à la démédicalisation, d’abord introduire la dimension MGF dans le curricula de formation des écoles de santé, renforcement des capacités des sages-femmes et matrones à ne pas pratiquer l’excision. Sur le plan éducatif, il y a aussi une introduction de la dimension MGF dans les programmes de formation des écoles. Sur le plan communautaire, il y a beaucoup d’efforts, des populations s’engagent à abandonner la pratique » se réjouit le point focal MGF.
Cependant, les grandes vacances débutent au mois de juillet. Une période assez propice pour amener les filles à l’excision. A cet effet, le département ministériel organise depuis 2012, une caravane sous forme de couverture médiatique, d’informations et de sensibilisation à travers les canaux les plus appropriés « nous fédérons toutes les parties prenantes, notamment le ministère de la santé, l’OPROGEM et la gendarmerie qui nous accompagne, la société civile, le secrétariat des affaires religieuses pour mettre des actions spécifiques. Il y a des structures d’intervention pour des cas d’interpellation à travers l’OPROGEM ou le numéro vert le 116 où les gens peuvent appeler pour dénoncer un cas d’excision. Il y a aussi un système holistique, de prise en charge sanitaire et psychologique des victimes » notifie-t-il.
‘’ L’excision est une déformation de la créature humaine’’
Plusieurs organisations féminines, des acteurs de la société civile œuvrent aussi dans la lutte contre l’excision. Parmi ces structures, on peut retrouver le cercle des jeunes filles libres et battantes de Guinée qui depuis mai 2018, se bat contre toutes formes de violences faites aux femmes.
Pour Fatoumata Binta Diallo vice-secrétaire générale du cercle, vouloir enlever cette partie du corps de la petite fille c’est de piétiner son droit « il faudrait que nous mettions fin à l’excision. Les mamans doivent savoir que les coutumes et traditions se confondent à la réalité. Ils disent qu’on a exporté l’excision de l’occident pourtant ces femmes n’ont pas subi cette pratique. En islam la valeur du corps humain est sacrée. Même la jeune fille son corps ne lui appartient pas, il appartient au tout puissant Allah, donc la jeune fille a le devoir de protéger son corps et c’est interdit de porter préjudice au corps. Et en aucun cas il est mentionné que les femmes et filles ont subi cette pratique. Donc l’excision est une déformation de la créature humaine et le prophète Mohamed PSL a maudit les personnes qui transforment la création de Dieu » signale-t-elle.
Pour complétement bannir cette pratique en république de Guinée, ces personnes ressources estiment qu’il faut sensibiliser les communautés sur les méfaits de l’excision. Puis aller loin en appliquant la loi sur ces citoyens qui continuent à violenter ces petites filles à travers l’excision.
Hasso Bah