Autrefois considéré comme un sujet tabou dans nos communautés, la mutilation génitale féminine/Excision devient un problème qui préoccupe acteurs de la société civile, personnel de la santé, ministère de tutelle et leaders religieux. A Conakry comme à l’intérieur du pays, des parents profitent des grandes vacances pour exciser leurs filles. Malgré le combat mené par plusieurs activistes qui porte quelques fruits, cette problématique est loin de connaitre son épilogue à cause des communautés qui sont ancrées dans cette pratique d’ordre traditionnel.
A Kindia, l’excision persiste malgré les risques liés à cette pratique comme le notifie Tenin Camara agent de santé « la mutilation génitale féminine c’est de couper un organe chez une femme notamment le clitoris mais le constat aujourd’hui même si ça existe ce n’est pas comme avant. Et cette pratique a beaucoup de conséquences, les filles qui font cette pratique sont exposées à des inconvénients, par exemple la stérilité, des infections, la pratique donne des douleurs abdominales et favorise la transmission du VIH. Cela fait perdre la sensibilité de la femme pendant le rapport sexuel. Je conseille aux femmes d’abandonner cette pratique » a fait comprendre la spécialiste.
L’inspection régionale de l’action sociale, de la promotion féminine et enfance de Kindia ainsi que ses partenaires sont engagés dans la lutte contre les violences faites aux femmes notamment la mutilation génitale. Interrogé sur les dispositions prises pour mettre fin à la pratique, Fodé Moussa Sayon Camara chargé des questions d’enfance au niveau de la préfecture Kindia annonce « notre direction est derrière ces structures de protection qui sont installées partout dans les localités. Donc ces structures sont en train de mener des activités de sensibilisation à travers des causeries éducatives, les dialogues communautaires, les visites à domicile pour freiner cette pratique néfaste » indique-t-il.
Plus loin dans ses explications, il précise qu’il y a eu des changements significatifs dans la lutte contre l’excision « dans la sous-préfecture de Bangouya, 25 villages ont officiellement déclaré l’abandon des Mutilations génitales féminines et parmi eux, une exciseuse traditionnelle et une matrone ont officiellement abandonné la pratique. Avant on entendait partout, et on voyait partout des filles excisées mais maintenant on ne voit plus ça même si certains le font c’est dans la cachette et quiconque qui sera pris en train de faire ou impliqué dans cette affaire sera sanctionné conformément à la loi. Et la personne sera condamnée pour 5 ou 10 ans de prison » prévient-il.
La fédération Mounafangni de Kindia ne reste pas en marge de cette lutte. Selon l’agent technique de la fédération, sa structure est à pied d’œuvre pour y mettre fin « Pendant ces vacances, la fédération a jugé utile d’organiser 9 dialogues communautaires dans nos zones d’intervention telles que Segueya, Bokaria, Kolenté, Sougueta, Damakania, et Friguiagbè pour parler de la pratique, ses conséquences. Au-delà de la sensibilisation, nous sommes en train de travailler aussi sur un outil avec nos partenaires sur le plaidoyer au niveau des décideurs pour que cette pratique soit une priorité dans l’application de la loi » narre-t-il.
En république de Guinée notamment à Kindia, plusieurs citoyens se basent sur la religion pour faire cette pratique. Pour une question d’éclaircissement, El hadj Ousmane Yabara Camara, leader religieux fait la part des choses « ce que je vais dire à la population, la mutilation génitale féminine c’est notre coutume il n’y a pas de lien avec la religion parce que ce ne sont pas les musulmans seulement qui la pratiquent. Donc le prophète Mahomet, n’a pas ordonné de faire cela obligatoirement parce qu’il n’a pas fait ça à ces filles ni sur ces fidèles compagnons et il n’a pas ordonné à ces compagnons de le faire. Certains le faisaient tout simplement parce qu’il ont trouvé leur parents en train de le faire mais ce n’est pas religieux » a laissé entendre ce leader religieux.
La Guinée arrive en deuxième position juste après la Somalie, avec un taux de prévalence de 96 %.
Mamadou Samba Diallo 657835989