L’humanité a lancé depuis le 25 novembre dernier la campagne des 16 jours d’activisme pour lutter contre les violences faites aux femmes. En Guinée, l’ONG internationale Global Média Campaign to end FGM et ses partenaires à travers le site actualitefeminine.com et la radio Djoma, se sont intéressés aux mutilations génitales féminines notamment l’excision dans la commune urbaine de Boké.
Cette table ronde qui a réuni des spécialistes et un leader religieux a pour but de d’éclairer la lanterne de la population qui continue toujours de pratiquer l’excision. Durant une heure, Fatou Keïta représentante d’une ONG féminine, Aïcha Kader Bangoura sage-femme à l’hôpital régional de Boké et Mohamed Lamine Camara imam à Tamakene ont donné leurs avis en langue du terroir et en français sur cette problématique.
A l’entame de cette table ronde, Fatou Keïta qui milite pour la défense des droits de la femme précise que c’est par manque de compréhension que les gens continuent à pratiquer l’excision, c’est une vielle pratique.
De son côté, l’imam dira aussi que s’il s’agit de la mutilation l’islam est contre, mais par contre l’excision n’est pas interdite qu’il faut juste former les gens sur comment la pratiquer avant de rappeler l’exemple sur le prophète Mohamed (PSL) en disant ceci « quand le prophète est venu trouver les femmes faire cette pratique il les a appelé pour leur dire si vous ne pouvez pas abandonner alors en faisant l’excision, efflorez juste le clitoris n’enlevez pas tout pour ne pas réduire la sensibilité de la femme » dira-t-il. Ensuite l’imam soutient qu’au lieu de l’interdire, d’apprendre les gens à comment bien faire.
Ne partageant pas l’avis de l’imam, Fatou Keïta précise en ces termes « l’excision a des conséquences et beaucoup d’inconvénients, c’est un handicap pour la femme. Pendant le rapport sexuel, elle ne va pas ressentir le plaisir, non-seulement pour elle mais aussi pour son homme. Et cela est souvent source de divorce ou parfois amène l’homme à épouser une autre femme qui peut lui donner du plaisir » recadre-t-elle.
L’activiste ne va pas se limiter à cette précision, elle donne un exemple sur une fille qui est victime de cette pratique « je vais vous rappeler une histoire du côté de Sangarédi, il y a eu une fille qui a subi l’infibulation pendant son jeune âge au risque pour les parents de prendre une grossesse ou d’être déviergée, c’est après le mariage qu’ils ont retiré les fils. Donc face à la persistance de la douleur la fille a voulu se suicider. En plus l’utilisation des instruments pendant l’excision est souvent source de transmission du SIDA et plusieurs autres maladies. Mon ONG milite pour l’application de la loi interdisant l’excision en république de Guinée » indique-t-elle.
Aïcha Kader sage-femme à l’hôpital régional ne partage pas aussi l’avis de l’imam. Prenant soudainement la parole, la spécialiste donne finalement sa position « je ne suis pas d’accord si l’imam raisonne que l’excision permet de réduire l’envie de la femme à pouvoir se maîtriser, non! Avoir l’envie toujours de faire l’amour jusqu’à devenir une prostituée cela n’est pas liée à l’excision, sinon il y a des femmes qui sont excisées mais qui ont une folle envie de coucher avec les hommes, cela dépend de l’organisme des gens et leur éducation» précise-t-elle.
La dernière phase de cette table ronde c’était la réaction de ceux qui ont écouté l’émission. Le premier auditeur demande, si une femme n’est pas excisée peut-elle pratiquer la religion musulmane ? Pour répondre l’imam dit « je reconnais quand même que cela n’a pas de conséquence sur la religion de la femme ». Cette réponse provoque un éclat de rire chez les deux autres invitées.
Par la suite, Fatou Keïta l’activiste réagit à l’affirmation de l’imam « alors si ça n’affecte pas sa religion c’est pour dire qu’on peut bien abandonner cette pratique, je vais vous rappeler encore un autre fait qui s’est produit ici à Boké, une femme en provenance de la France a envoyé deux de ses filles ici pour les exciser, quand elles ont eu des complications elle les a amené à l’hôpital et après on s’est rendu compte que ces deux filles ont subi l’excision et elles ont perdu beaucoup de sang, finalement elles ont rendu l’âme. En pleurant, leur maman se demandait comment elle allait se retourner en France ? » Notifie-t-elle.
Enfin, en langue du terroir madame Kader Bangoura a appelé la population à abandonner cette pratique. Pour elle, l’excision n’a que des conséquences sur la santé de la femme surtout pendant l’accouchement où elles ont souvent des complications et les conduisent parfois à perdre la vie.
Néanmoins elle recommande aux parents face à leur refus d’abandonner cette pratique, d’envoyer les enfants à l’hôpital pour éviter des cas de mort et d’autres complications. Même si elle trouve toujours mieux d’abandonner l’excision.
Seydouba Bangoura 620 236 416