Dans le but de réduire drastiquement les mutilations génitales féminines notamment l’excision dans la savane guinéenne, Global Medias CAMPAIGN TO END FGM en collaboration avec Plan International et le Comité Inter Africain (CI-AF) ont initié une émission sur les antennes de la radio Espace Kankan.
L’objet de cette émission-table ronde avec un activiste de la société, un imam, un représentant de la direction préfectorale de la promotion féminine de l’enfance et des personnes vulnérables, un médecin et les journalistes vise à sensibiliser la population de Nabaya, sur les méfaits de cette pratique qui affecte la santé de la jeune fille.
Dans sa prise de parole, le médecin obstétricien Dr Ibrahima Keita, a d’abord expliqué certaines conséquences néfastes liées à l’excision.
« En tant que médecin, ce que je pourrais dire à nos parents, la pratique de mutilation génitale féminine n’a que des conséquences néfastes sur la santé des filles. Elle provoque des traumatismes, la stérilité et parfois la mort. Et d’ailleurs condamnée par nos lois. D’autant plus que cela entraine beaucoup de dommages, d’abord elles perdent complètement leur sensibilité sexuelle, mais aussi elles sont victimes des complications liées à l’hémorragie, elles perdent la structure normale de leur organe parce qu’on enlève le clitoris, on enlève aussi les grandes lèvres et petites lèvres pour certaines. Bref, elles perdent complètement la morphologie normale de leur appareil génital » explique ce médecin obstétricien.
De son côté, Mohamed Keita chargé des questions d’enfance à la direction préfectorale de l’autonomisation des femmes, de l’enfance et des personnes vulnérables à Kankan, évoque les dangers liés à cette pratique dans la société.
« Sans vous mentir, nos filles souffrent lors l’excision, entre autre des saignements et d’ailleurs plusieurs jeunes filles trouvent la mort dans notre communauté, parfois dans ces circonstances on traite la fille de sorcière, cette pratique est vraiment déplorable. Donc, on lutte contre cette pratique » indique-t-il.
Prenant part à cette émission table ronde concernant les mutilations génitales féminines, Imam Fama Tounkara précise en ces termes.
« Il faut dire que le prophète Mohamed PSL, n’a jamais excisé ses filles. Donc de ce côté, il n’y a pas d’ambiguïté. L’un dans l’autre, le prophète n’a jamais dit, partez exciser vos filles là non. Et celui qui pratique ne condamnez pas, mais également si tu laisses aussi il n’y a pas d’inconvénient c’est la position de la religion sur cette affaire » tranche le religieux.
D’où cette invite de Sekouba Traoré, le coordinateur régional de la maison des associations et ONG de Guinée à Kankan, à l’endroit des autorités, parents, partenaires et activistes de la société civile à s’impliquer davantage dans la lutte contre l’excision.
« Nous les acteurs de la société civile, nous avons abandonné nos combats dans cette affaire, on ne fait rien pour sensibiliser nos parents. Il faudra que nous fassions des sacrifices pour lutter contre cette pratique, parce que l’État est très lent dans l’application des lois. En cela, il faut des mesures draconiennes » lance-t-il.
Mariama Cissé, une ancienne exciseuse, invite les parents notamment les femmes à abandonner cette pratique.
« Je faisais l’excision, mais j’ai arrêté il y a de cela 6 ans, j’ai vu que réellement ça met en péril la vie des filles. Donc, je demande aux autres de laisser cette pratique pour le bonheur de nos filles. L’excision cause des effets négatifs chez la femme » a-t-elle lancé.
Pour rappel, La Guinée est le 2ème pays le plus touché par l’excision. En effet, 97% des femmes de 15 à 49 ans sont excisées d’après Plan International.
Facely Sanoh depuis Kankan pour actualitefeminine.com