Les vacances sont une opportunité pour les élèves de se reposer ou de suivre des cours de vacances pour préparer la rentrée scolaire prochaine, mais à Kindia c’est tout à fait le contraire. Nombreux sont ces enfants en majorité des petites filles qui pratiquent le petit commerce dans le marché de la localité. Même si certaines revendent pour elles-mêmes, d’autres sont obligées par les tuteurs d’écouler différents articles notamment des sachets d’eau fraiches, des friandises etc.
Rencontrée ce vendredi 29 juillet 2022 au grand marché de Kindia, Mariama Ciré Camara élève de la 5ème année vendeuse de feuilles de patate explique les raisons de sa présence dans ce marché « je revends ces feuilles de patate pour mon homonyme, elle m’a dit comme ce sont les vacances on va partir ensemble au marché pour que je puisse apprendre le commerce. Elle m’a dit de faire cette vente sinon à l’ouverture je n’aurai rien » explique-t-elle.
Concernant les cours de vacances notre interlocutrice précise que ce sujet n’est pas à l’ordre du jour chez elle « mon homonyme ne m’a jamais parlé des cours de vacances. Même si je lui propose cela, je ne pense pas qu’elle va accepter parce que chaque jour elle me demande de venir avec elle au marché » notifie-t-elle.
Quant à Saran Camara jeune fille vendeuse des sachets d’eau fraiche et des bonbons relate son calvaire « je revends des bonbons pour moi-même c’est mon Papa qui m’a donné de l’argent pour que je me débrouille. Les bénéfices que je gagne je vais payer les fournitures scolaires. Notre maîtresse n’a pas parlé de cours de vacances » indique-t-elle.
Pendant ces vacances le nombre d’enfants qui revend dans le grand marché de Kindia a nettement augmenté, cette situation s’expliquerait par la pauvreté dans certaines familles et la méconnaissance des droits de l’enfant pour d’autres parents. Fodé Moussa Sayon Camara chargé de la protection de l’enfance au niveau de la préfecture de Kindia fustige tout d’abord le comportement de certains parents envers les enfants « l’analphabétisme très élevé est un facteur qui contribue à cette pratique parce que si un parent n’est pas instruit ni en français ni en arabe, c’est un peu difficile de lui faire comprendre parce que le droit de l’enfant que nous parlons si vous consultez le coran les mêmes droits sont là-bas. A Kindia même si certains violent le droit de l’enfant par méconnaissance d’autres connaissent très bien, ils le font par exprès » déplore-t-il.
C’est pourquoi, le gouvernement à travers son département a une politique protectionniste à travers la mise en place d’un système de protection de l’enfance en Guinée appelé SUPEG.
« Ce système existe depuis 2013 et il est implanté au niveau des collectivités locales jusqu’au niveau national. Il sensibilise et remonte les statistiques à tout moment. Grâce à cette synergie d’action on peut se frotter les mains, ce n’est pas encore fini mais il y a une diminution. Quand je prends le cas de viol par exemple, de janvier à nos jours on a que 08 cas notifiés. Le mariage d’enfants on a 02 cas notifiés aussi. La mobilité réduite des enfants nous avons 43. L’immigration clandestine nous avons 03 cas. Toujours dans le cadre du renforcement du système de protection à Kindia pendant ces vacances, nous organisons des activités de sensibilisation sur le rôle et la responsabilité des parents. J’ai discuté avec les responsables de la radio rurale et on a commencé les émissions hier » précise-t-il.
Toutefois, M. Camara et son équipe rencontrent quelques difficultés « pour les cas de mobilité réduite qui est encore élevé nous sommes à la recherche de 10 familles d’accueil dans la commune urbaine. Parce que si on retrouve un enfant, il faut l’envoyer d’abord dans une famille d’accueil en attendant qu’on retrouve ses parents. Mais ce n’est pas n’importe quelle famille c’est une famille qui a au moins le minimum. Nous avons aussi le problème d’engins parfois pour pouvoir se déplacer pour les interventions sur le terrain. Nous avons besoin aussi le renforcement des capacités de nos acteurs cela doit être continuel » liste Fodé Moussa Sayon Camara.
Même s’il y a eu des avancées dans le système de protection des enfants à Kindia beaucoup restent à faire. Tout de même, il faut rappeler que l’enfant n’a pas seulement que ses droits mais aussi ses devoirs envers ses parents. Le nouveau code de l’enfant révisé en fait d’ailleurs foi.
Mamadou samba Diallo 620135213