A Boké dans la sous-préfecture de Kolaboui à l’image de plusieurs autres villes du pays, les femmes qui ont perdu leurs premiers maris sont souvent victimes du mauvais traitement et parfois stigmatisées. Elles ont souvent du mal à rentrer en possession à l’héritage de leurs défunts maris et sont abandonnées à leur sort. Cette autre forme de violence faite aux femmes est souvent négligée dans les sociétés, ainsi la communication et la sensibilisation passent moins. Certaines d’entre elles rencontrées ce mardi 25 avril 2023 à Kolaboui dans la région de Boké demandent l’implication des autorités afin de mettre fin à cette pratique qu’elles qualifient de violation des droits des femmes.
A Boké, elles sont nombreuses ces femmes après le décès de leur mari qui vivent dans une extrême pauvreté. Discriminées, déshéritées et expulsées du domicile conjugal ou parfois contraintes du lévirat, ces femmes ont du mal à joindre les deux bouts. Pourtant cette pratique est contraire à la religion et au code civil guinéen. A Kolaboui précisément, plusieurs veuves se retrouvent dans cette situation pénible et prennent encore la charge de leurs enfants. Cette femme du centre-ville de Kolaboui dont nous préférons garder l’anonymat est veuve depuis plusieurs années. Elle explique son calvaire « je vis avec la famille de mon défunt mari mais mes enfants et moi, n’avons pas la paix du cœur. A chaque fois nous sommes persécutés par ses parents, personne ne prend soins de nous, et nous n’avons même plus le courage de rester ici depuis la mort de mon mari » dénonce-t-elle.
Très souvent, après le deuil du conjoint, la femme est mise au dehors avec ses enfants. Une double douleur que dénonce également cette autre veuve abandonnée par ces beaux-parents. Elle est obligée de loger ailleurs alors qu’elle a plusieurs enfants à sa charge « j’ai 5 petits enfants et je ne vis plus au foyer de mon mari chez ses parents, je souffre beaucoup, je travaille dur pour m’occuper de mes enfants, leur scolarité, leur santé, l’habillement et leur nourriture » indique-t-elle.
Fatoumata Camara est une autre veuve qui n’a pas bénéficié des avantages de son mari. Sa belle-famille s’est accaparée de l’héritage. Pour freiner ces traitements dégradants à l’égard des veuves, elle lance un appel aux autorités sur le respect du code civil guinéen « ils ont fini de se partager les terrains que mon mari nous a laissé et ils nous font la guerre, même sa maison on nous a expulsé dedans, nous avons fait plusieurs démarches auprès de la gendarmerie et la police mais nous n’avons pas eu de suite favorable, il faut que l’Etat nous aide, nous les veuves parce que nous avons aussi notre droit » a-t-elle interpellé.
Il faut dire que le veuvage est un ensemble de rites et de dures épreuves que traverse la femme guinéenne. La majeure partie d’entre elles subviennent seules aux besoins de leurs familles et sont souvent obligées de priver leurs enfants de l’école et de compter sur leur force de travail soit le commerce ou les travaux champêtres afin de joindre les deux bouts. Pourtant, le code civil guinéen protège ces femmes mais malheureusement son respect pose un sérieux problème dans les communautés. A titre d’exemple, les veuves de Fria ont rencontré toutes les difficultés pour bénéficier de la pension de leur mari.
Seydouba Bangoura 620 236 416