Un collectif des femmes réuni au sein du groupe de réflexion et d’influence des femmes (GRIF), s’est fendu d’un déclaration ce vendredi 15 décembre à Conakry. Dans cette déclaration, ces femmes issues des différentes organisations féminines de lutte contre les violences basées sur le genre se sont faites entendre sur des cas de harcèlement, les agressions sexuelles et autres formes de violences faites aux filles et femmes en République de Guinée.
<<Nous, collectif de femmes au sein du Groupe de Réflexion et d’Influence des Femmes-GRIF, au nom de toutes les femmes et jeunes filles de Guinée Constatons avec regret et colère, une recrudescence des cas d’agressions sexuelles en général, et particulièrement sur mineures et ce malgré nos plaidoyers et recommandations passées (voir déclaration commune du 7 octobre 2022). Dénonçons et condamnons fermement les actes de harcèlement, de viol ou toutes les autres formes de violences, vils et ignobles dont sont victimes les femmes et filles de Guinée, qui portent atteinte à leur intégrité physique et morale, ainsi qu’à leur dignité. Le Collectif des Femmes note avec regret le grand nombre d’enquêtes non abouties, les faiblesses des poursuites et des jugements des auteurs/trices et complices de ces agressions sexuelles et viols, un manque notoire de structures de prise en charge médico-légale et psychosociale d’accompagnement et de soutien aux victimes, qui, malheureusement, doivent porter le fardeau des mœurs et coutumes assimilés à tort à des prescriptions culturelles, sociales ou religieuses, ou fallacieusement et hypocritement accusées de provocation des agressions de par leur façon de s’habiller ou du fait des lieux publics qu’elles fréquentent! Le Collectif note également avec consternation, que l’anonymat de l’identité des victimes et de leur famille n’est trop souvent pas correctement protégé dans les médias guinéens et sur les réseaux sociaux>>, s’est indignée madame Billy Sow, au nom des femmes du groupe de réflexion.
C’est pourquoi le collectif réitère ces recommandations aux parties prenantes <<Nous réitérons nos recommandations à tous les décideurs: Veuillez préserver plus strictement l’anonymat de l’identité des victimes et de leur famille, sur tous les médias visuels, audio, presse écrite et sur les réseaux sociaux. Et, conséquemment, criminalisons la violation de cet anonymat par les médias et les réseaux sociaux. Activez le numéro vert dédié et faites-le connaître plus largement pour aider et orienter les victimes ou survivantes et leurs familles à briser le silence dès les toutes premières étapes des procédures. Renforcez les capacités des services et cadres d’accueil et d’écoute des victimes et survivantes et leurs proches pour favoriser la dénonciation des actes d’agressions. Augmenter le nombre de services d’assistance juridique et médico-légales pour un suivi sérieux des cas à travers tout le territoire, pour une réelle prise en charge qui accompagne les victimes, du moment de la dénonciation jusqu’à la poursuite judiciaire et pénale des auteurs de crimes. Et dans ce cadre, veillez à mettre en place un système informatisé coordonnant les différents organismes de prise en charge pour faciliter l’accès aux premiers services cliniques et juridiques, dont l’obtention de certificats médico-légaux, du consentement parental et autres documents nécessaires à la constitution de dossiers. Engagez l’élaboration et l’adoption de textes de lois en ce qui concerne la définition, la qualification et la criminalisation des cas d’harcèlements et d’agressions sexuelles lors de mouvements de rassemblements dans l’espace public, avec un accent particulier pour l’adoption d’une loi spéciale sur les agressions sexuelles et le viol. Engagez, sous des formes et des supports appropriés, et dans tous les espaces sensibles, dans les écoles, les marchés, les gares, les centres de loisirs, des campagnes durables, d’information, d’éducation et de sensibilisation sur les notions d’harcèlement et d’agressions sexuelles, de consentement, de viol et de violence sexuelle, des libertés de se vêtir et de se déplacer>>, a-t-elle lancé.
Le Collectif des Femmes a aussi interpellé les autorités compétentes du pouvoir exécutif et du pouvoir judiciaire, au niveau national comme au niveau régional et communal, ainsi que les élus, les sages, les intellectuels, les médias, les citoyens à agir concrètement, chacun selon ses responsabilités et son rôle social, pour rétablir les droits à la protection, à l’intégrité physique et morale et aux libertés, à égalité avec tous les citoyens guinéens sur toute l’étendue du territoire national.
Soumah Naby 666-144-250