En République de Guinée, plusieurs jeunes filles de moins de 18 ans sont données en mariage. Une pratique qui cependant engendre d’énormes conséquences sur la jeune fille. A Kankan, capitale de la savane guinéenne, cette pratique est bien présente. Certaines jeunes filles sont données en mariage contre leur gré. Dans un entretien téléphonique avec notre rédaction, dame KK résidente à Kankan, actuellement en séjour en Guinée-Forestière, a accepté de partager son histoire sous couvert d’anonymat.
Issue d’une famille modeste, dame KK est donnée en mariage en 2011 alors qu’elle n’avait que 16 ans. Son père vendeur de pièces détachées de moto au centre-ville de Kankan avait trouvé le gendre idéal « un jour, alors que j’étais à la maison avec ma mère (paix à son âme), mon père est venu et a demandé à parler en privé avec elle. Après leur discussion, mon père a décidé de me marier. J’avais environ 16 ou 17 ans à l’époque. L’homme qu’il avait choisi avait les moyens, mais je ne l’aimais pas du tout. Il avait presque le même âge que mon père et déjà deux femmes. À l’époque, je n’aimais pas du tout cet homme et j’avais catégoriquement refusé. Mais mon père m’avait menacé de me renier, alors j’ai dû accepter contre mon gré » se souvient-elle.
Aujourd’hui mère de trois enfants dont deux filles et un garçon, le foyer dame KK ne se porte malheureusement pas bien « aujourd’hui, mon foyer ne va pas bien. J’ai toujours des problèmes avec mes coépouses et mon mari. À un moment donné, je n’avais même pas le droit d’avoir un téléphone. La jalousie et autres problèmes rendent la situation vraiment difficile. En ce moment même, je suis à N’Zérékoré. J’ai des problèmes avec mon mari à cause de la jalousie, et je risque de divorcer, mais mes parents ne veulent pas en entendre parler » narre-t-elle.
Dame KK bien qu’elle aurait voulu étudier, elle n’a pas eu la chance d’aller à l’école. Quand elle était chez ses parents, elle aidait sa maman avant son décès à faire le commerce. Toutefois, elle a appris la couture comme activité génératrice de revenus qui lui permet de satisfaire à ses besoins et celui de ses enfants.
« J’ai appris la couture, ce qui me permet de gagner un peu d’argent pour subvenir à mes besoins. Mon mari a beaucoup d’argent à Kankan, où il gère de nombreux magasins, mais obtenir de l’argent de lui est toujours un problème» déplore-t-elle.
Selon dame KK, l’acte de son paternel de lui donner précocement en mariage au détriment de son bien-être est purement pécuniaire « je pense que c’est à cause de l’argent. Mon mari était riche et mon père n’a pas résisté. D’ailleurs, l’endroit où mon père travaille appartient à mon mari» précise-t-elle.
Au terme de l’entretien, dame KK invite les parents d’éviter de donner précocement leurs filles en mariage. En se référant de sa mésaventure, elle annonce que le mariage précoce engendre d’énormes risques et ils doivent respecter le droit de leurs filles.
Cet article est un accompagnement de Girls First Fund pour mettre fin au mariage d’enfants en République de Guinée
Facely Sanoh depuis Kankan pour actualitefeminine.com