Dans la commune urbaine de Kankan, la question de la précocité des mariages continue de susciter de vifs débats. Au cœur de cette controverse, des voix féminines s’élèvent offrant des perspectives diamétralement opposées sur l’impact de cette pratique sur la vie des jeunes filles.
Pour Aïcha Konaté, une résidente au quartier Heremakono 1 dans la ville de Kankan, le mariage précoce est un rempart nécessaire contre la débauche.
« Dans un contexte où les tentations sont multiples, marier une jeune fille tôt permet de la protéger. Aujourd’hui les jeunes filles s’adonnent à des pratiques qui font que les parents ont peur, qui sont même obligés de les envoyer en mariage même si l’âge n’est pas là, c’est d’une part aussi éviter qu’elles tombent enceintes sans être chez leurs maris » affirme-t-elle avec conviction. Elle estime à cet effet que cette démarche vise à préserver l’honneur des familles tout en assurant un avenir stable pour les jeunes filles.
Cependant, cette vision est loin de faire l’unanimité. Mariam Camara, une activiste influente de la commune urbaine, exprime une opinion contraire. Selon elle, le mariage précoce est une pratique dangereuse qui risque de compromettre le développement personnel et l’avenir des jeunes filles.
« Le mariage précoce prive les filles de leur enfance et de leur éducation, limitant ainsi leurs opportunités futures. Aujourd’hui, ils sont nombreux ces parents qui ne prennent pas leur responsabilité dans l’éducation des enfants notamment des jeunes filles, si elles sont bien encadrées, je pense bien, il n’y aura pas de bêtises. Mais les parents eux-mêmes sont à la base de cette situation, ils n’ont pas le temps d’expliquer certaines choses aux filles, sinon que le mariage précoce demeure nocif pour les filles » souligne-t-elle avant d’exprimer son inquiétude.
« Ces unions peuvent conduire à des vies marquées par la dépendance économique et le déséquilibre de pouvoir au sein des ménages. Ces deux perspectives reflètent un dilemme profondément enraciné dans la culture locale où tradition et modernité s’entrechoquent » notifie-t-elle.
À Kankan, comme dans d’autres régions de la Guinée, la question du mariage précoce demeure un sujet de débat complexe, où les enjeux sociaux, économiques, et culturels se mêlent.
Facely Sanoh depuis Kankan pour actualitefeminine.com