En République de Guinée, malgré les efforts consentis de part et d’autres pour mettre fin au mariage d’enfants, ce phénomène persiste toujours dans cette communauté patriarcale. Pourtant, des textes et lois nationales, régionales et internationales répriment et interdisent cette pratique qui met un frein au développement de la jeune fille. Dans un entretien accordé à notre rédaction, Maitre Thierno Souleymane Barry, enseignant-chercheur en droit, avocat à la cour et consultant apporte assez de précisions juridiques qui interdisent le mariage d’enfants.
Juridiquement, le mariage précoce c’est le mariage de personnes dont l’âge légal n’est pas encore atteint et cela est réprimé dans le code pénal guinéen de 2016 comme l’indique Maitre Thierno Souleymane Barry, enseignant-chercheur en droit, avocat à la cour et consultant « il s’agit des articles 319 à 322 qui non seulement répriment les mariages précoces mais aussi les mariages forcés. Et très souvent les mariages précoces sont liés aux mariages forcés. L’article 241 du code civil guinéen fixe aussi l’âge à dix-huit (18 ans) pour le mariage » précise-t-il.
Outre les lois guinéennes, celles régionales et internationales répriment aussi les mariages d’enfants « La convention relative aux droits de l’enfant du 20 novembre 1989 tout comme la charte africaine des droits et bien-être de l’enfant interdisent le mariage d’enfants et c’est à but de protection. La convention relative aux droits de l’enfant définit l’enfant comme toute personne n’ayant pas atteint dix-huit (18) ans donc on suppose que l’enfant est une personne en développement. Nous savons ce qui implique la maternité, la question de consentement et ce sont des raisons pour lesquelles les mariages d’enfants constituent un fléau » explique Maitre Barry.
Cependant, plusieurs parents justifient le mariage d’enfants à cause des grossesses non désirées. Selon le consultant, il y a des solutions pour les éviter « on met toujours en balance ces deux éléments, qu’il vaut mieux marier ta fille très tôt au lieu qu’elle t’envoie une grossesse. Je pense qu’il faut plutôt renverser la question, qu’est-ce qui fait que ces enfants contractent une grossesse non désirée? Il y a une démission collective de la société, mieux vaut accompagner cette jeune fille, renforcer l’éducation des jeunes filles tout comme les jeunes garçons, la connaissance de leur corps, l’encadrement familial et communautaire pourrait être un frein à ces grossesses non désirées. Investir dans la sensibilisation des parents, dans l’éducation tant des jeunes filles que des jeunes garçons car les filles seules ne tombent pas enceintes » clarifie-t-il.
Etant un acteur des droits d’humains, la gestion des cas de mariages d’enfants est un grand défi dans une communauté patriarcale « c’est ancré dans la tête des gens et on ne peut l’enlever par un coup de baguette magique. La meilleure manière est de continuer à vulgariser les lois, indiquer que l’enfant est d’abord un être en développement. Les principes transversaux en matière de procédure d’enfant c’est d’abord le droit à la vie et à la survie du développement de l’enfant, le principe de non-discrimination, l’intérêt et l’opinion de l’enfant. Tous ces quatre principes vont à l’encontre du mariage précoce » indique-t-il.
Il précise à cet effet que toutes les parties prenantes doivent contribuer à la protection de l’enfant notamment de la jeune fille « que ça soit dans les écoles, dans les structures de santé qu’il y ait des travailleurs sociaux qui puissent accompagner les enfants, les parents mais aussi former les personnes qui sont en contact avec les enfants notamment les éducateurs, les forces de sécurité, les forces de l’ordre etc. pour qu’ils puissent être sensibles aux questions des droits de l’enfant. L’avenir d’une société c’est d’abord les enfants donc l’éducation incombe à tout le monde. C’est un devoir pour tous les citoyens » rappelle-t-il.
Après toutes ces étapes, il est du devoir de l’Etat d’appliquer la loi et de sanctionner les personnes qui outrepassent conclut Maitre Thierno Souleymane Barry.
Cet article est un accompagnement de Girls First Fund pour mettre fin aux mariages d’enfants en République de Guinée.
Hasso Bah