En République de Guinée, la population majoritairement musulmane se base sur l’islam pour donner précocement leurs filles en mariage malgré les conséquences qu’elles en courent. Dans cet entretien accordé à notre rédaction, M. Sékou Mohamed Condé formateur au Réseau des Associations des Leaders Religieux de Guinée a largement expliqué ce que dit l’islam sur le mariage d’enfants.
De nombreuses jeunes filles sont données précocement en mariage alors que l’âge requis n’est pas respecté. Certains parents se basent notamment sur la religion musulmane pour attester cette pratique qui met en péril le développement de la jeune fille. Selon Sékou Mohamed Condé formateur au Réseau des Associations des Leaders Religieux de Guinée, le mariage d’enfants dépend de l’évolution de la société.
« Les savants musulmans se sont intéressés au mariage d’enfants et il y a deux volets : l’acte de mariage et la consommation du mariage. Dans la jurisprudence islamique, on parle des deux. Avant avec les mineures, on pouvait contracter le mariage mais il n’était pas consommé sauf à l’âge indiqué et l’âge n’était pas indiqué au nombre d’années, c’était par rapport aux connaissances sociales et croyances qui dit que cette fille est majeure. Avant on pouvait contracter un mariage mais la fille est accompagnée après cinq ou dix ans par rapport à la constitution de la fille. Les savants musulmans ont dit qu’une fille doit être donnée en mariage lorsqu’elle a la capacité physique de supporter le rapport sexuel, la capacité mentale de supporter les fardeaux du ménage » explique-t-il.
Dans sa narration, le leader religieux rappelle que l’institutionnalisation de l’âge requis pour le mariage a débuté depuis des lustres « avec l’empire Ottoman qui est le dernier Khalifa de l’islam, ils ont commencé à institutionnaliser, c’est en ce moment qu’ils ont parlé de 15 ans mais avant cela, les savants de Mâlikite ont déterminé presque la même chose c’était autour de 17 et 18 ans. Aujourd’hui il y a beaucoup de chefs religieux qui se cachent derrière l’islam pour faire ce qu’ils veulent mais dans l’islam les règles sont très bien définies et c’est clair. Définir l’âge à 18 ans, c’est purement islamique, c’est accepté par l’islam et il autorise les musulmans à respecter cela » précise-t-il.
Toutefois, certains se basent sur le cas du prophète Mohamed PSL qui avait épousé sa femme maman Aïcha à l’âge de 9 ans. Sur ce point, M. Condé apporte des éclaircissements « les savants musulmans ont dit qu’il a épousé maman Aïcha à l’âge de 4 ans ou 6 ans mais que le mariage a été consommé à l’âge de 9 ans. Cependant il y a beaucoup de savants qui ne pensent à cela et ils ont leurs arguments. D’autres estiment que si c’était le cas, le prophète Mohamed PSL était une exception car pour les autres femmes nous n’avons pas lu cela c’est avec elle seulement qu’on a parlé de 9 ans. Déjà, il y avait un décalage entre l’acte et la consommation du mariage. On ne peut pas se reposer sur ça et refuser d’accepter l’évolution de la société humaine » dit-il.
Religieusement, les conséquences du mariage précoce sont néfastes comme l’indique le leader religieux « une mineure qui n’a pas la composition physique de tenir le rapport sexuel, le mariage pourrait impacter négativement sur sa vie, si elle n’a pas la capacité mentale pour supporter la famille elle va souffrir. Une fillette de 9 ans ne peut pas être mère de famille, que va-t-elle faire avec des enfants ? L’islam est là pour la société, pour les musulmans, pour le bien-être humain, tous les pays les musulmans sont unanimes que 18 ans est raisonnable comme l’Age de mariage d’une fille » rappelle-t-il.
Enfin, Sékou Mohamed Condé indique que l’islam est accusé de beaucoup de choses à cause de ceux qui l’interprètent. Il invite à cet effet les musulmans à lire, à faire des recherches sur les messages transmis par la religion musulmane.
Cet article est un accompagnement de Girls First Fund dans la lutte contre le mariage d’enfants en République de Guinée.